Un peu d'histoire
Bienvenue sur mon site - suivez mon parcours musical
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- des souvenirs, des anecdotes
Avril 1965.
Les Beatles viennent de sortir "Ticket to ride"
J'ai presque 17 ans et je suis à l'Athénée de Herstal, section latin-sciences.
Je rentre tous les jours à 17 heures pour écouter "Salut les copains" en faisant mes devoirs.
Je voudrais m'acheter une guitare. Mon père est d'accord de m'en offrir une à condition que j'apprenne à nager. Je me tape la piscine des Bains de la Sauvenière deux fois par semaine. J'aurai donc droit à cette fameuse guitare, une Eko que j'achète dans un petit magasin de la rue Puits-en Sock, à Liège.
Cinquante ans plus tard, j'aurai eu une bonne douzaine de guitares et je nage toujours comme un pavé !
Un copain, Pierre, me propose de former un petit orchestre. Nous sommes à l'époque où les groupes musicaux portent des noms bizarres :
"Les Chaussettes noires", "Les Chats sauvages", "Les Chakadous".
Nous, on s'appellera "Les Chamoisettes".
Le groupe se compose de Pierre, guitare solo, de Bernard, guitare basse. Samy, un copain tunisien de l'Athénée est à la batterie, et Georges, dit Jojo, au tambourin.
Quant à moi, je joue de la guitare rythmique.
Le matériel est assez basique
Je joue sur un ampli "maison" : le poste de radio de ma grand-mère. La sono chant est un petit ampli "Dynacord" de couleur grise. Question son, ce n'est pas le top mais on s'en accomode. La batterie de Samy se compose d'une grosse caisse, une caisse claire, un petit tom, un charleston et une petite cymbale. Quant à Bernard, il a une basse Hofner rouge achetée chez Frambach, boulevard d'Avroy.
Notre première prestation a lieu à Aubin-Neufchâteau, près de Visé.
Je chante "J'avais deux amis" d'Eddy Mitchell. Quant à Pierre, il joue, entre autres, "Jeux interdits".
Le grand-père de Pierre, fabricant de cerceuil, nous prête sa charrette à bras pour transporter le matériel jusqu'au Cercle Saint Remacle où nous répétons et animons l'une ou l'autre soirée.
Au répertoire, des airs des Shadows, des Beatles, des Kinks et des Stones, entre autres.
Par la suite nous jouons à l'Athénée de Herstal, ce qui nous vaut un article dithyrambique dans le "Trait d'union", le journal de l'école.
Nous enchaînons avec une animation -si on peut dire- à l'hospice du Valdor devant un public de vieilles personnes qui nous regardent comme si nous étions des martiens.
Plus tard, histoire de nous remonter le moral, nous passons des pensionnés aux patronnées lors d'une soirée au local des scouts, dans l'école Louise de Marillac, rue Basse-Wez.
Un an plus tard, la situation s'est améliorée : Bernard et moi avons un ampli Fender, Pierre a acheté une sono, toujours Dynacord mais avec deux grands baffles et une chambre d'écho. Quant à Samy, retourné au pays, il a été remplacé par Eddy, qui possède une batterie qui ressemble enfin à quelque chose. Nous engageons aussi un troisième guitariste, Michel Delvenne qui joue sur une magnifique guitare à 12 cordes.
(de gauche à droite : Bernard, Michel, Pierre, Edd,y, René)
Cette photo a été prise à la buvette du terrain de football d'Embourg où nous avons animé la soirée du club.
Les lieux de répétitions changent suivant les opportunités. Nous répétons quelque temps chez Eddy à Grivegnée puis nous reprenons nos quartiers entre les cerceuils, dans l'atelier de menuiserie du grand-père de Pierre.
Plus tard "Les Chamoisettes" deviennent "les Shirt-All". Le matériel s'améliore encore : nous avons des amplis Faylon, une sono Semprini, Bernard a une basse Fender, j'achète une guitare Gibson SG, nous engageons un nouveau batteur, Serge, (puis viendra André), et un organiste, Willy.
(de gauche à droite : Serge, René, Bernard, Pierre, Willy)
Et nous remportons la première place à un concours d'orchestres à Trooz en jouant notamment "The Dock of the Bay" d'Otis Redding
1968
J'ai 20 ans. les Shirt-All continuent leur marche en avant. Nous avons à présent ce qu'on appelait à l'époque un imprésario. Nous jouons pratiquement toutes les semaines bals et thés dansants, parfois en compagnie de groupes à la mode comme...
"The Pebbles"
Avec notre orchestre "The Shirt All", nous avons eu le plaisir de jouer souvent au même programme qu'eux qui étaient un des meilleurs groupe de Belgique.
Originaires d'Anvers, ils ont eu beaucoup de succès avec des tubes tels que "Seven Horses In The Sky" ou "Mackintosh".
Ils se sont séparés en 1974 mais on peut encore les entendre de temps à autre sur les antennes de Classic 21
Schocking Blue.
Groupe hollandais fondé en 1967 et auteur d'un hit quasi mondial avec "Venus", vendu en plusieurs millions d'exemplaires
Ce titre a été premier au hit parade dans plusieurs pays d'Europe et n°1 aux U.S.A en 1970.
Sa chanteuse Mariska Veres a continué une carrière solo après que le groupe ait été dissous en 1974. Elle est malheureusement décédée en 2006.
Je me souviens que nous avons joué au même programme que Shocking Blue dans la salle du café "Le cheval blanc" à Hermalle-sous-Argenteau.
"Jess & James"
Il s'agit d'un groupe constitué autour de deux frères portugais, Fernando et Antonio Lameirinhas qui habitaient Charleroi au début des années 60.
Après avoir fondé leur premier groupe appelé "The Robots", où ils faisaient de la musique plutôt rock ou beat, ils s'installent à Bruxelles.
Ils fondent "Jess and James and the J.J. Band" avec lequel ils réussiront un tube en 1977 intitulé "Move". Ce sera un succès dans plusieurs pays européens.
Durant ces années, ils passaient en attractiondans les bals et thés dansants de nos régions et nous avons eu l'occasion de nous produire au même programme qu'eux.
Leur succès a cependant été de courte durée.
Wallace Collection
Tout le monde se souvient de leur succès mondial "Daydream", enregistré en 1969 aux studios Abbey Road des Beatles. Ce titre, chanté par leur batteur Freddy Nieuland se vendra à des millions d'exemplaires dans le monde.
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1972
Michel n'est plus dans le groupe. Luc a remplacé André à la batterie, nous engageons deux choristes, Françoise et Isabelle et Ronald a pris la place de Willy aux claviers..
Je mets "claviers" au pluriel parce que Ronald débarque avec un orgue Hammond B3, un monstre de 230 kgs, une cabine Leslie de + ou - 60 kgs, un piano électrique et, ouf !!, une camionnette Ford Transit, sans élévateur cependant.
Le B3 de RonaldUn autre renfort nous arrive, Alain, remplacé plus tard par Jacques Pelzer, une pointure du jazz liégeois.
Entretemps Jos, notre imprésario, n'est pas resté inactif.
Il nous met en rapport avec Robert Cogoi
i a représenté la Belgique au Concours Eurovision de la Chanson à Copenhague en 1964.
Robert cherche un orchestre pour l'accompagner dans la revue du théâtre du Trocadéro à Liège entre décembre 1972 et mars 1973. Nous voilà donc partis pour trois mois de prestations les samedis soir, dimanches après-midi et dimanches soir dans ce théâtre surnommé “la bonbonnière" de la rue Lulay.
La première a lieu le 16 décembre 1972, jour de mon mariage. Pour la circonstance, je suis remplacé à la guitare par Pierre. Il est convenu que durant nos trois mois de prestations au Troca, nous jouerons lui et moi en alternance, une semaine sur deux.
Ces trois mois se déroulent parfaitement et nous sont bien profitables. Nous apprenons ainsi ce que c'est réellement de se produire dans un vrai tour de chant, de jouer avec précision, discipline et retenue. De plus le fait de faire partie de la revue nous met en contact avec acteurs, humoristes, chanteurs, chanteuses, danseurs et danseuses. Nous passons de savoureux moments avec ces figures légendaires de l'humour liégeois que sont Henriette Brenu (Titinne Badjawe), Jacques Ronvaux et Albert Bodden.
Entretemps le nom de l’orchestre a changé. Nous nous appelons désormais “Les Frangins”.
Nous accompagnons également Didier Vincent et Concetta di Maria qui a remporté la "Caméra d'argent" à la R.T.B.F. L'aventure "Concetta" sera relativement brève et pas franchement passionnante.
Jacques Pelzer nous annonce un beau jour qu’il part pour l’Afrique et nous présente, pour le remplacer, son cousin Steve Houben, saxophoniste et flutiste comme lui.
Steve, plein de talent et d’humour se fond immédiatement dans le groupe. Comme Jacques, il entrera “fingers in the nose” dans notre répertoire et se retrouvera avec nous en train d’animer bals et thés dansants.
Luc n'est plus à la batterie, il est remplacé par Marc, qui a quitté un groupe qui s'appelait "Les Guitares de l'Enfer" pour venir jouer avec nous.
1974
Un beau jour, notre imprésario, Jos Vanesse, nous présente Frank Michael. Celui-ci, Italien d’origine, se lance dans la chanson et cherche une groupe pour l’accompagner.
Ce sera le début de la fin !
Pas pour lui, qui fera une grande carrière, mais bien pour les Frangins. Nous nous mettons au service de Frank. Dans un premier temps, cela nous permet de faire des “galas”, comme il dit, dans de grandes salles et ça nous fait voyager en Belgique francophone; dans le nord de la France et jusqu’en Bretagne.
Rapidement cependant le torchon brûle. Je ne m’implique pas beaucoup dans le répertoire de Frank. La chanson sirupeuse qui vous colle aux valseuses, ce n’est pas mon truc. Je ne travaille pas assez ses morceaux. Il me trouve insuffisant, ce qui, en l’occurrence est peut-être vrai, et il veut se débarasser de moi.
Frank veut me virer, l’orchestre entier fait front et se barre. Frank Michael fera avec d’autres la carrière que l’on sait. Il vendra des millions de disques et c’est tant mieux pour lui.
Les Frangins, dans la foulée, se dispersent. Ronald et Marc s’en vont jouer chez “Porte-bonheur", un groupe plein de fraîcheur qui, avec deux jolies et talentueuses chanteuses, se positionne assez bien dans la lignée des suédois d’Abba, dont ils maîtrisent le répertoire.
Porte-Bonheur : Gérard, Ronald, Christelle, George, Valérie, Jacques, Francis.
Pierre, Bernard, Françoise et Isabelle fondent le groupe “Week-end” avec lequel ils animeront bals et thé dansants.
Quant à moi, je reçois un jour un appel téléphonique d’un bonhomme que je ne connais pas. Il écrit, compose, chante et joue de la guitare Il est grand, chevelu, barbu, plein d’humour et il cherche un guitariste pour l’accompagner. En même temps que moi il trouve un flûtiste qui joue aussi de l’accordéon diatonique et de la cuiller.
Le barbu c'est André Gérard et l'homme à la cuiller, c'est Jean Bertrand, "dit" le petit Jean.
C’est parti ! A mon propre étonnement, j’embraye immédiatement dans un répertoire qui ne m’est pas familier. On est loin des gros amplis, des sonos bruyantes et des salles de 3000 places. On joue assis, calmement, pratiquement en acoustique devant des gens qui ne viennent pas pour boire et guincher. Ils viennent nous écouter. Ils sont attentifs, on n’est plus au bal.
Cela me change !
Nous jouons dans des petites salles, des foyers culturels et je me mets moi aussi à écrire des chansons et à composer.
Quelques temps plus tard je suis contacté par un bonhomme que je ne connais pas. Il a un orchestre de bal dans la région d'Aywaille. Neverly's est le nom du groupe. Mon bonhomme s'appelle Jacques Rixhon. Il est bassiste et son épouse, Michèle, joue des claviers et de l'accordéon. Me voilà donc reparti pour faire des bals. Le niveau n'est pas celui des Frangins mais les gars sont sympas et, ma foi, on ne s'amuse pas mal. Comme il y a un autre guitariste dans le groupe, je me retrouve de plus en plus en position de chanteur et c'est un rôle qui me plait.
Le batteur de "Neverly's" ayant changé d'air, je contacte Marc qui va le remplacer avantageusement.
Neverlys : Marc, Michelle, René, Jacques, Jean
Ça ne dure pas très longtemps cependant.
Je suis contacté par Luc, qui entretemps a épousé Christine, qui crée avec ses frères Walter, Jean-Michel et Richard un groupe appelé Nancy (Christine) et Love Story. J'intègre cet orchestre avec Marc et un guitariste compétent et très sympa nommé Tony.
Love Story : Tony, Luc, René, Christine, Richard, Marc
Ce sera ma dernière expérience en orchestre. Cela durera jusqu'au début des années 80.
La suite de ma "carrière" musicale se fera avec André, le "petit" Jean et quelques autres comparses dont Monique Lefèbvre, que nous accompagnerons dans son propre répertoire, Fabienne, une "touche à tout" de la musique et Marie-Claude à l'accordéon.
Fatigué de courir les bals jusque tard dans la nuit, de monter, démonter et transporter du matériel, je me consacrerai dorénavant aux compositions faites par André et moi-même dans un groupe que nous avons appelé "Bringuedezingue". Ce sera beaucoup plus léger et plus cool que les orchestres de bal. Nous jouerons ça et là dans les cabarets, les petites salles chaleureuses, devant des publics bien sûr moins nombreux mais attentifs et souvent très chaleureux.
Entretemps j'ai construit dans ma cave un petit studio avec guitares, claviers, table de mixage et tout le nécessaire pour produire de la musique et ça au moment où, peu à peu, tous mes anciens complices ont revendu leur matériel et ont abandonné la musique.
"Je marche seul", comme dit Goldman. C'est agréable parce que, seul maître à bord, je fais ce qui me plait et comme je le veux. C'est aussi un peu frustrant parce que, socialement parlant, ce n'est pas vraiment le pied. J'appelle même ça une forme de masturbation musicale.
C'est pourquoi, histoire de rester encore en relation avec le public, j'ai créé ce site.
J'espère qu'il aura l'heur de vous plaire.
"Attention, mesdames et messieurs
Dans un instant ça va commencer
Installez-vous dans votre fauteuil bien gentiment..."
Commentaires
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- 1. Patrick Nylien Le 02/04/2021
Bonjour René,
Heureux de prendre du temps pour parcourir ton site et comprendre bien mieux au vu de ton parcours ce que je ressens en écoutant ta musique. Je n'ai pas encore fait le tour, mais crois-moi, ça ne saurait tarder, je n'en laisserai pas une miette . Contrairement à toi, je n'ai pas connu ( du fait de mes activités professionnelles décalées et incompatibles avec une vie de groupe) autre chose que ce que que tu nommes avec humour la masturbation musicale, ce qui m'a fait devenir le branleur musicien que je suis. Bravo pour ce site qui t'a surement demandé beaucoup de temps et de travail et merci de nous permettre de de connaître mieux.
Bien amicalement
Pat -
- 2. Philippe BERTRAND Le 10/11/2020
Tonton René,
Tu nourris ton site, c'est super.
Nostalgie, quand tu nous tiens...
Phil. -
- 3. René Le 22/09/2020
Bientôt ce chapitre sera complété par des petites histoires et autres anecdotes qui ont émaillé ma vie de musicien.
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